Doc Doc Doc entrez ! édition 2025
Toc, toc, toc ! Entrez ! Poussez la porte de Doc, doc, doc ! Vous y verrez de multiples, singulières et universelles images, en des films dialoguant entre eux.
Dans ce tissu, on tirera le fil de toutes les résistances et dans bon nombre de parties du monde : Italie, Palestine, Amérique du sud, Irlande, Ukraine, Afrique du sud, avec Un Paese di Resistenza, No Other Land, L’Évangile de la Révolution, The Flats, Interceptés, Ernest Cole Photographe. Et puis aussi d’autres échos des batailles d’idées et affrontements actuels comme Bon voyage et Le Repli où même la texture des images se déchire. Le fil du dialogue se tissera également par les femmes, résistantes dans leurs combats pour leur dignité et leur liberté, avec Les Filles du Nil, Les mots qu’elles eurent un jour, Smoke Sauna Sisterhood.

Enfin, avec Patrick Leboutte, nous parcourrons la surprise de sa « Carte blanche » où nous pourrons nouer ou dénouer le fil des images, en mouvement ou immobiles.
Alors, au plaisir de regarder ensemble toutes ces images ! Place aux images !
en amont du festival... JEUDI 27 MARS
Comme bien souvent, nous vous proposons quelques jours avant le début du festival une séance supplémentaire. Cette année, nous aurons le plaisir d'accueillir à nouveau Erika Haglund et Benjamin Serero que nous avions reçus pour Le moindre centime. Cette fois c'est en tant que producteur que Benjamin accompagnera Erika pour son dernier film : Boréales.
Jeudi 27 mars 21h00
suivi d'une rencontre avec
Erika Haglund, réalisatrice et
Benjamin Serero, producteur

BOREALES
de Erika Haglund
France
2024 1h22
Elana, Camille, Astrid sont comme la lumière des aurores boréales, elles étonnent et captent notre regard. Avec leur ami Ulysse, elles s’apprêtent à fêter leur 18 ans et comme n’importe quelles ados, rêvent de liberté et d’amour. Mais pour elles, chaque étape est un obstacle. Heureusement la douceur de leur amitié les porte.
Mardi 1er avril 18h15 Le repli |
Mardi 1er avril 21h00 Un paese di Resistenza |
Mercredi 2 avril 18h15 Smoke Sauna Sisterhood |
Mercredi 2 avril 21h00 L'Evangile de la Révolution |
Jeudi 3 avril 18h15 Interceptés |
Jeudi 3 avril 21h00 The flats |
Vendredi 4 avril 18h15 Conférence sur Ernest Cole |
Vendredi 4 avril 21h00 Ernest Cole photographe |

MORT A VIGNOLE
de Olivier Smolders

DANS LA MAISON
de Karima Saïdi

AU-DELA DE L'ARARAT
de Tülin Ozdemir

NO OTHER LAND
de Basel Adra et Yuvaal Abraham

NUMERO ZERO
de Jean Eustache

LES MOTS QU'ELLES EURENT UN JOUR
de Raphaël Pillosio

BON VOYAGE
de Karine Birgé

LES FILLES DU NIL
de Nada Riyadh et Ayman El Amir
Samedi 5 avril 10h00 Courts métrages Mort à Vignole - Avrum et Cipojra |
Samedi 5 avril 14h30 Dans la maison |
Samedi 5 avril 16h30 Au-delà de l'Ararat |
Samedi 5 avril 21h00 No Other Land |
Dimanche 5 avril 10h00 Numéro zéro |
Dimanche 5 avril 14h30 Les mots qu'elles eurent un jour |
Dimanche 5 avril 16h30 Bon voyage |
Dimanche 5 avril 18h00 Les filles du Nil |
MARDI 1er AVRIL
« Le Repli » est le titre du tout premier film de cette 21ème édition.
Mais c’est aussi le thème commun aux deux films que nous vous proposons pour cette première soirée du festival.
La similitude est grande entre la situation décrite en France, son évolution inquiétante, et le parcours qu’ont déjà connu nos voisins transalpins.
Mardi 1er avril - 18h15

LE REPLI
de Joseoh PARIS
France, 2024 1h33
On croit tout savoir et pourtant. Ce genre de film qui rappelle les faits et en condense l’histoire a son importance, pour clarifier les argumentaires, et revenir à l’essentiel quand tout se brouille en cette période de trop-plein. Africultures
Un film coup de poing en même temps qu'une remarquable synthèse. Télérama
Un documentaire vigie sur les libertés publiques et l’Etat de droit en France. Le Monde
Les lois sécuritaires s’empilent depuis des années au nom de la lutte contre tous les séparatismes, mais au final ces prétextes ne se retournent-ils pas contre la nation et le peuple dans son entièreté tout simplement ?
Au travers d’images prélevées, découpées, chiffonnées, raturées, enflammées, le réalisateur répond en quelque sorte, en contrepoint, aux constructions des différentes politiques menées depuis plus de 40 ans.
C’est comme un combat de MMA (Arts martiaux mixtes) qu’il livre finalement en percussion face aux discours médiatiques stigmatisants, en préhensions, contrôler physiquement, amener au sol et soumettre l’opposant en relief aux mécanismes sécuritaires employés.
La voix off lourde et parfois oppressante en relief des discours politiques permanents et relayés en boucle.
Le combat peut commencer, qui en sortira vainqueur ?
Mardi 1er avril - 21h00
rencontre avec Shu Aïello, coréalisatrice

UN PAESE DE RESISTENZA
de Shu Aïello et Cattherine Catella
France, Italie,
2024 1h30
En 2017, nous présentions "Un paese di Calabria", en présence de Shu Aiello, coréalisatrice d’un film retraçant l’expérience d’accueil de migrants dans un village du sud de l’Italie.
Nous avions quitté Riace en pleine renaissance grâce à l’intégration de ces étrangers venus de la mer. Nous retrouvons le village, à l’arrêt, ou plutôt engagé dans un grand bond en arrière. Le maire de Riace est accusé de détournement de fonds publics et ses opposants politiques détricotent tout ce qui avait été mis en œuvre. Le film montre le combat long et éprouvant que l’extrême droite arrivée au pouvoir va imposer.
Hymne au partage, à la solidarité, mais aussi film d’alerte, le documentaire n’a rien d’original sur la forme mais, en cette période de repli, le voir met du baume au cœur. Le Monde
Ce documentaire, très intéressant, met des images sur cette saine révolte… et prouve qu’en Europe, le repli sur soi n’est pas une fatalité. Première – Emma Poesy
MERCREDI 2 AVRIL
Difficile de trouver un lien entre les deux films de cette deuxième soirée, tant leur forme et leur sujet sont différents.
Le premier, de manière très esthétique, montre un groupe de femmes s’adonnant aux plaisirs du « sauna à fumée », une tradition classée au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
Le second, de facture plus classique, revient de façon passionnante sur des femmes et des hommes engagés, au nom de leur foi chrétienne, dans les combats révolutionnaires en Amérique du Sud.
Mercredi 2 avril - 18h15

SMOKE SAUNA SISTERHOOD
de ANNA Hints
Estonie, France, Islande,
2023 1h29
Nous sommes loin du bruit du monde, à une époque éternelle, et des femmes, filmées avec une infinie délicatesse, comme des sculptures roses un peu abstraites, se mettent à nu. Les Inrockuptibles
En privilégiant l'écoute de l'autre et la vulnérabilité, Anna Hints revient au fondement même de la sororité et livre un documentaire ensorcelant où des êtres sans visage deviennent figures allégoriques de la féminité. Première
Entre documentaire et œuvre expérimentale, le film interroge la condition féminine à travers une expérience collective viscérale et bouleversante. Les fiches du cinéma
Se mettre à nu dans tous les sens du terme...
Ou comment, dans un sauna à fumée, empreinte ou vestige du passé, les corps se mettent à parler et témoignent encore au présent, des questions humaines que l’on devrait voir dépassées???
Les femmes s’épanchent sur des questions qui n’auraient jamais dû franchir les étapes du temps???
La glace se brise, le bois se consume et dans la fumée évanescente la parole se libère, les douleurs, les peurs, les vérités, se répandent, se fracassent, se partagent, s’exorcisent et se rassérènent dans un rituel purificateur.
Smoke Sauna Sisterhood a gagné le prix du meilleur documentaire aux European Awards 2023... et a mis de l'ambiance lors de la remise des prix (en anglais).
Mercredi 2 avril - 21h00
rencontre avec François-Xavier Drouet, réalisateur

L'EVANGILE DE LA REVOLUTION
de François-Xavier Drouet
France,
2024 1h54
Le souffle révolutionnaire qu’a connu l’Amérique latine au XXe siècle doit beaucoup à la participation de millions de chrétiens, engagés dans les luttes politiques au nom de leur foi. Portés par la théologie de la libération, ils ont défié les régimes militaires et les oligarchies au péril de leur vie. À rebours de l’idée de la religion comme opium du peuple, le film part à la rencontre d’hommes et de femmes qui ont cru voir dans la révolution l’avènement du Royaume de Dieu, sur la terre plutôt qu’au ciel.
(…) la caractéristique principale, et originale, de ces luttes, c’est sa dimension religieuse. Ici, les révolutionnaires sont chrétiens, catholiques et protestants. Et leur aspiration à la justice trouve un appui, un soutien, dans la foi chrétienne et dans une bonne partie du clergé.
C’est ainsi qu’est née ce qu’il est convenu d’appeler La Théologie de la libération, théorisée au Salvador par celui qu’on appelle « le porte-voix des sans voix », Monseigneur Romero, qui sera assassiné par l’armée. Meurtre qui contribuera à en faire un héros.
Le film de François-Xavier Drouet est à la fois un retour sur cette histoire mouvementée où la violence domine, et une illustration concrète de ces mouvements par la rencontre avec ceux qui l’ont vécue et l’ont menée, dans différents pays, le Salvador, le Brésil, le Nicaragua, le Mexique. dicodoc.blog
JEUDI 3 AVRIL
Cette troisième soirée s’articule sur deux conflits violents de notre continent. Le premier est tristement d’actualité. Le décalage entre les images et les conversations renforce la cruauté des discours. Si le second appartient désormais à l’histoire, il a marqué les parcours de vie de façon indélébile.
Jeudi 3 avril - 18h15

INTERCEPTES
de Oksana Karpovych
France, Urkraine,
2023 1h33
C’est l’Ukraine en guerre où tout est séparation. Les paroles viennent de conversations téléphoniques interceptées et les images montrent les dévastations des bombardements. Ce film est une collision, en plein ciel de guerre, d’un récit humain et d’une vision apocalyptique. Il n’y a pas de rencontre, de passage ; tout le film sépare en unissant, disjoint la réalité de l’Ukraine. C’est une plaie où les bords ne se joignent pas.
Le film est sorti récemment au Canada (où vit la réalisatrice). La presse s'en est fait l'écho.
Jeudi 3 avril - 21h00

THE FLATS
de Anna Celesia
France, Irlande,
2024 1h54
Ode à la résilience, "The Flats" est une chronique humaniste bouleversante, où l’on se reconstruit sur les cendres de son passé, piétinant ces mêmes trottoirs où le sang a séché depuis. Christophe Brangé - Abus de Ciné
Dans sa tour HLM de New Lodge, Joe met en scène des souvenirs de son enfance vécue durant les « Troubles » conflit armé qui déchira l’Irlande du Nord des années 60 à 1998, et fit particulièrement des ravages dans ce quartier catholique de Belfast. Jolene, Sean, Angie et d’autres voisins se joignent à lui pour revisiter leur mémoire collective, qui a façonné leur vie et leur quartier..
Aidé d’un dispositif filmique efficace (...) l’homme rejoue les scènes de son enfance marquée par le conflit armé qui déchira le pays quatre décennies durant. Il est accompagné dans ce voyage mémoriel par ses voisins, au quotidien rythmé par la misère, les violences structurelles, mais aussi par la solidarité, pudiquement dévoilée dans le film, que seuls les éclopés peuvent tisser entre eux. Léon Cattan - Première
VENDREDI 4 AVRIL
Pour cette quatrième soirée, nous aurons le grand plaisir d’accueillir à nouveau Philippe Bazin, dont nous avions présenté une exposition photographique en 2022. Nous avions également projeté le très beau film Face à face que Benjamin Serero a consacré à son travail.
Il a accepté non seulement de dialoguer avec le public après la projection de Ernest Cole, photographe, mais aussi de présenter en amont de la projection une conférence restituant l’œuvre de Cole dans la photographie sud-africaine de l’Apartheid. Un immense merci à lui.
Vendredi 4 avril - 18h15
Conférence photographique
de Philippe Bazin sur Ernest Cole
Vendredi 4 avril - 21h00
Oeil d'or à Cannes en 2024
projection suivi d'une discussion avec Philippe Bazin

Philippe
BAZIN
Cette conférence photographique sur Ernest Cole a une triple ambition :
- par rapport à la photographie sud-africaine de son époque (David Goldblatt) ;
- par rapport à sa période américaine (Gordon Parks) ;
- par rapport à l’écho que le retour de son œuvre dans son pays d’origine peut trouver chez les photographes sud-africains actuels (Santu Mofokeng).
Pendant le festival, en partenariat avec le distributeur, Condor Films, une exposition photographique sera présentée dans le hall du cinéma.

ERNEST COLE, PHOTOGRAPHE
de Raoul Peck
France, Etats-Unis
2024 1h46
Ernest Cole, photographe sud-africain, a été le premier à exposer au monde entier les horreurs de l’apartheid. Son livre House of Bondage, publié en 1967 alors qu’il n’avait que 27 ans, l’a conduit à s’exiler à New York et en Europe pour le reste de sa vie, sans jamais retrouver ses repères. Raoul Peck raconte ses errances, ses tourments d’artiste et sa colère au quotidien, face au silence ou la complicité du monde occidental devant les horreurs du régime de l’Apartheid. Il raconte aussi comment, en 2017, 60 000 négatifs de son travail sont découverts dans le coffre d’une banque suédoise.
Dans "Ernest Cole, photographe", l’auteur de "I Am Not Your Negro" fait « parler » Ernest Cole en composant à partir d’entretiens avec ses proches et de textes laissés par l’artiste, une sorte de journal intime d’une intensité rare. Xavier Leherpeur - L'Obs
Un film passionnant de bout en bout et qui donne envie de se plonger dans l'œuvre. Le Point
Un grand documentaire, justement récompensé de l’Œil d’or lors du dernier Festival de Cannes. Yannick Vely – Paris Match
SAMEDI 5 et DIMANCHE 6 AVRIL
FILMER LES SIENS, OUVRIR L’INTIME A L’UNIVERSEL
Filmer les siens, sa famille et en particulier ses parents, représente un courant majeur dans le paysage du documentaire contemporain. Certes, ce geste n’est pas nouveau, les frères Lumière eux-mêmes n’ayant pas dédaigné cette activité qui, durant plusieurs décennies, assura sa principale raison d’être au cinéma dit « amateur ». En Super 8, pour la bourgeoisie aisée, d’une manière conventionnelle et ritualisée, à l’usage ou à destination exclusive de ses proches, il s’agissait alors d’embaumer les moments heureux de sa respectabilité (baptêmes, communions ou vacances d’été), des milliers de petits films convertissant ainsi en images d’Epinal, lisses, prévisibles, mais non sans charme, une idée supposée du bonheur, pour une éternité posthume. Depuis le milieu des années 2000 et plus encore ces derniers temps, encouragée par l’essor des petites caméras numériques et un appareillage toujours plus léger, favorisant une approche intime dans davantage de proximité, la tendance s’est inversée : ce ne sont plus les pères qui filment en amateurs leur future descendance, mais à présent celle-ci qui, fils et d’abord filles devenues cinéastes professionnelles, retournent leurs caméras vers eux, emmenant la question de la famille sur la voie des grands écrans, leur ouvrant un espace inédit et parfois malaisant. Ce qui était jadis de l’ordre de l’intime, voire du secret, lieu de blessures ou de conflits cachés, est à présent rendu public sans en passer par la fiction, confrontation directe entre les générations, comme la formulation d’une expérience partageable. Entre pudeur et impudeur, violence et douceur tranquille, réflexion sur les archives et jeu sur les codes de la représentation, ce qui travaille nombre de jeunes cinéastes est bel et bien la douleur ou le trouble d’être soi-même fille ou fils d’une histoire, héritière d’un passé familial qui ne va pas forcément de soi. « Blessures intimes », dit-on, pour désigner cette part d’universel résonnant dans le singulier. Question d’identité, parfois complexe quand on est soi-même issue de la deuxième ou troisième génération dite de l’immigration, écartelée entre respect de la tradition et aspiration à davantage de modernité. Interroger ses parents, remonter aux sources d’un vieux pays natal, à Reims comme au Maroc ou en Anatolie, faire le plein de soi comme on fait un plein de Super à la pompe pour enfin oser filmer ensuite le monde tel qu’il ne va pas, cette démarche n’est toutefois pas sans risques. Comment ne pas faire de cette intimité à laquelle nous sommes conviés une simple affaire privée, mais au contraire quelque chose qui nous regarde toutes et tous ? Comment ne pas déposer sur les bancs de montage de vieux fantômes ressortis du placard ? Comment ne pas exclure les spectateurs de ces histoires, mais au contraire faire en sorte qu’elles deviennent les nôtres ? Ces questions sont des questions de cinéma autour desquelles s’articleront nos échanges tout au long de ce week-end, productifs, comme à chaque fois. Patrick Leboutte
Samedi 5 avril - 10h00 séance courts métrages

MORT A VIGNOLE
de Olivier Smolders
Belgique
1998 0h25
Prétextant du tournage anodin, en Super 8, d’un petit film de vacances en famille sur l’île de Vignole, au large d’une Venise agonisante et submergée par la montée des eaux, Olivier Smolders fait remonter à la surface le souvenir douloureux d’une image manquante, jamais filmée, celle de son premier enfant qui sans vie vint au monde. L’insignifiant archivage du voyage devient alors travail cinématographique du deuil, sans le moindre pathos, d’une pudeur absolue, mais d’une précision chirurgicale, partageable. A l’impossibilité de montrer l’infilmable, le cinéma de Smolders répond par sa capacité à faire voir ce qui nous regarde toutes et tous : la mort en face, telle qu’elle nous accompagnera toujours. En ouverture et en voix off, le cinéaste nous prévient : « Je parle ici moins de moi que de vous ». On ne saurait mieux dire. Patrick Leboutte
Avrum et Cipojra de Joseph Morder, France, 1973 0h12
Avec Jonas Mekas et Boris Lehman, au même titre qu’Alain Cavalier en France, Joseph Morder est une figure majeure du journal filmé. Par un beau dimanche de 1973, il entreprend de filmer ses vieux parents au plus près des gestes de leur vie quotidienne désormais ralentie. Eux préparent le repas familial, lui s’attarde sur les codes-barres infâmes imprimés à tout jamais sur leurs bras, traces indélébiles de leur immatriculation à leur entrée dans les camps d’extermination. La splendeur des couleurs des fruits et légumes achetés sur le marché de Belleville, embellie par la pellicule Kodak Super 8, mais surtout ce grand amour qui les unit font de ce court film un témoignage poignant de la vie enfin paisible des survivants, entre la douceur tranquille des jours qui passent et les souvenirs de l’horreur qui remontent. Pour que l’on n’oublie jamais. Patrick Leboutte
ENTRE DEUX RIVES
Les parents de l’une sont marocains, les parents de l’autre sont turcs, mais toutes deux ont vu le jour à Bruxelles et grandi entre deux cultures. Toutes deux vont entreprendre, caméra à la main, une forme de voyage initiatique, un retour aux sources en quête de leur origine, afin de questionner et d’abord mieux comprendre leur identité contrastée. Leurs périples passent par de poignants portraits de femmes, leurs mères d’abord, enregistrant leur mémoire avant qu’il ne soit trop tard, et recomposent par petites touches sensibles une histoire inédite de l’immigration, écrite enfin d’un point de vue féminin. Leurs deux films se parlent, ricochent et ont des choses à se dire, raison pour laquelle nous les avons réunis dans un même programme. En fin d'après-midi, nous avons proposé aux deux cinéastes de dialoguer, entre elles d’abord, puis avec nous bien-sûr. Patrick Leboutte
Samedi 5 avril - 14h30

DANS LA MAISON
de Karime Saïdi
Maroc, Qatar, Belgique, France
2020 1h30
Après des années de séparation, la cinéaste retrouve sa mère, Aïcha, atteinte de la maladie d’Alzheimer. De Bruxelles à Tanger se dessinent, entre pudeur et aveux, les douleurs, les ruptures, les deuils et les joies : tout ce qui a rythmé l’odyssée d’une famille marquée par l’exil. La cinéaste accompagne la fin de vie d’un être aimé sur le point de s’éteindre et dont il faut garder une trace pour soi, pour le monde. Alors délicatement Karima remonte le temps et nous restitue une trajectoire de femme à la volonté inébranlable. Tënk
entretien avec Karima Saïdi sur Cinergie.be
Samedi 5 avril - 16h30

AU-DELA DE L'ARARAT
de Tülin Özdemir
Belgique
2013 0h57
entretien avec Tülin Özdemir
Depuis le quartier de son enfance à Saint-Josse, commune populaire de Bruxelles, Tulin Ozdemir entreprend de remonter le temps, osant enfin s’enfoncer dans la Turquie pour découvrir la terre de ses origines, cette Anatolie meurtrie, au pied du Mont Ararat, aux confins du pays, où les stigmates de l’Histoire se lisent encore sur les visages, des femmes en particulier. On s’y souvient du massacre des communautés chrétiennes et plus encore du génocide arménien, autant de cicatrices qui ne suturent pas. Un voyage où chaque femme rencontrée devient un reflet possible de la réalisatrice. Elle y découvre des chœurs de femmes, perpétuant une antique tradition orale où, toutes communautés confondues, s’ouvre l’espace commun du deuil. Patrick Leboutte
Samedi 5 avril - Après la projection des deux films, rencontre animée par Patrick Leboutte avec les deux réalisatrices, Karima Saïdi et Tülin Özdemir
Samedi 5 avril - 21h00 meilleur documentaire à la Berlinale 2024

NO OTHER LAND
de Basel Adra et Yuval Abraham
Palestine, Norvège
2024 1h35
Comment le cinéma témoigne-t-il d’une réalité où l’injustice et la souffrance s’enkystent dans tous les aspects de la vie quotidienne ? En filmant, jour après jour, pendant plusieurs années, les incursions et destructions des forces d’occupation israéliennes en Cisjordanie et l’obstination des Palestiniens à rester là où leurs familles habitent depuis des générations.
Le travail est mené par 4 journalistes et activistes palestiniens et israéliens. Par leurs images, la réalité des “territoires occupés” prend toute sa dimension : le découragement et le désespoir transpercent les vies, laissant en suspens toute conclusion.
Pendant cinq ans, Basel Adra, Yuval Abraham, Hamdan Ballal et Rachel Szor ont filmé le quotidien des habitants de Masafer Yatta, ensemble de villages palestiniens ruraux dans le sud de la Cisjordanie. No Other Land illustre, images fortes à l’appui, la politique d’occupation et d’expulsion systématique de l’armée israélienne. Michaël Mélinard - L'Humanité
Élu meilleur documentaire à la Berlinale en 2024, No Other Land est un film dur, taiseux, qui se passe de discours militants. Benjamin Puech – Le Figaro
les réalisateurs sur Médiapart
Dimanche 6 avril - 10h00

NUMERO ZERO
de Jean Eustache
France
1971 1h57
A première vue, un long entretien d’Eustache avec sa grand-mère. En réalité, l’un des plus beaux films jamais tournés sur la question de la parole. Au cinéma comme dans la vie, il n’existe pas de parole possible sans écoute, sans signifier à l’autre un puissant désir de l’écouter. Pendant deux heures, tendus à l’extrême vers le récit d’une vieille dame : telle est la place du cinéaste, telle est aussi la nôtre, unis au même corps digne de cette griotte comme sortie de la Commune. Elle nous raconte son histoire, sa traversée du siècle, une histoire de femme, sauf que celle-ci est aussi celle de la France vue d’en bas, du point de vue du peuple et comme elle des gens de peu. Entre elle et lui, entre elle et nous, une bouteille de whisky se vide à mesure que le film se remplit : un film sans graisse, écorché, à vif, le manifeste d’un cinéma réalisé en une unique après-midi, dans son plus simple appareil. Je pèse mes mots : ce film est un chef-d’œuvre, à tout le moins l’un des films de ma vie. Patrick Leboutte
Dimanche 6 avril - 14h30
Cinéma du Réel 2024
Mention spéciale du jury du Prix des Jeunes

LES MOTS QU'ELELS EURENT UN JOUR
de Raphaël Pillosio
France
2024 1h24
Des mots qu’elles n’eurent jamais puisque les images de ces résistantes algériennes sont muettes. Elles n’ont pas parlé sous la torture et les images ne parleront que sur leurs lèvres, à partir d’un savoir où l’on connait les mots en les lisant sur le mouvement des lèvres. Tel est ce film muet, parlant ; c’est un son sans dire, une parole comme une question.
Film-cicatrice, Les mots qu’elles eurent un jour ausculte une perte sans jamais prétendre la combler. Lorsque deux personnes sourdes s’attellent à lire sur les lèvres des femmes filmées par Yann Le Masson, elles dévoilent des bribes de phrases, des propos amputés par les revirements de la caméra. (…) Plutôt que d’atteindre une destination, il importait de parcourir ce chemin vers le passé. Yann Le Masson soupçonnait que sa bande son ait été détruite volontairement, pour bâillonner des femmes trop libres. Toujours, l’Histoire gagne à être réécrite. Olivia Cooper-Hadjian - Cinéma du réel
Dimanche 6 avril 16h30
Grand Prix Traces de vie Clermont-Ferrand
Prix des jeunes européens FIPADOC Biarritz

BON VOYAGE
de Karine Bergé
Belgique
2023 0h54
"Elle avait 102 ans. C’était la fin de l’été 2018. Ma grand-mère a fait le choix de quitter la France pour venir mourir en Belgique. Le choix d’une mort "douce et facile" - euthanasia en grec. Je reviens sur ce qui a précédé son exil éphémère et mes souvenirs de cette difficile traversée. À partir des traces sonores que j'en ai gardées, je convoque un petit théâtre de poupées et d’objets, réunis mes proches, mes amis, le docteur Frankenstein et Chantal Goya, et retisse un monde autour de ma grand-mère partie dans une étrange quiétude." Karine Birgé
Tous les chagrins deviennent-ils supportables si on en fait un conte ou si on les raconte ? La réalisatrice française Karine Birgé offre un récit touchant sur la décision de sa grand-mère de quitter la France pour recevoir l’aide médicale à mourir en Belgique à l’âge de 102 ans. (…). Une œuvre ingénieuse d’une grande poésie, incarnée par le montage-animation, combinant pudeur et émotion." FIFA - Festival International du Film sur l'Art
Dimanche 6 avril 18h00
Œil d’Or à Cannes en 2024

LES FILLES DU NIL
de Nada Riyadh et Ayman El Amir
Égypte, France, Danemark, Qatar, Arabie saoudite
2024 1h42
la coproductrice au festival de Fameck
Nada Riyadh et Ayman El Amir, couple de cinéastes égyptiens, nous emmènent dans le sud du pays, au sein de la minorité Copte. Pendant 4 ans, ils suivent un petit groupe de jeunes filles qui font du théâtre.
Ce compagnonnage permet de rendre compte de leurs évolutions, entre affirmation de leurs envies, renoncements ou ténacité face aux difficultés et aux pressions sociales.
Certaines fictions ont un ancrage documentaire. Ici, le film évolue vers un récit qui semble de plus en plus mis en scène. Ce qui s’en dégage sonne toutefois juste et nous place aux côtés de ces jeunes égyptiennes, sur “les rives de leurs rêves”.
Présenté à la Semaine de la critique, un documentaire saisissant suit le travail d’artistes de rue, féministes, dans un village copte en Egypte. Le Monde
Le film des réalisateurs égyptiens Nada Riyadh et Ayman El-Amir est l’une des jolies surprises offertes cette année par la Semaine de la critique. Durant quatre ans, ils ont suivi un groupe d’amies qui montent des spectacles de rue pour défendre leurs droits, dans une ville copte du centre de l’Égypte. Courrier international